La marche est-elle haute entre la DH et la D3 ?
Tout dépend du niveau du championnat régional dans lequel l’équipe évolue. Tous les championnats régionaux ne se valent pas et certains (comme l’Île de France) a un niveau de jeu relativement élevé par rapport à d’autres ligues.
Cependant, pour moi, le championnat de D3 (anciennement Nationale 2) est l’un des championnats les plus difficiles à remporter : la lisibilité des équipes en amont de la compétition est très faible et on est jamais à l’abri de devoir affronter une équipe qui redescend de D2 ou de devoir affronter des équipes de niveau D2 mais qui n’ont pas l’intention d’évoluer au niveau National toute l’année (cela concerne souvent des équipes de joueurs expérimentés mais vieillissants qui, pour des raisons de confort de vie, se concentrent sur la courte durée du championnat de D3).
Du coup, difficile de se préparer en fonction des adversaires ou du niveau de jeu supposé du championnat. Ma stratégie a été de se concentrer sur notre équipe et de la projeter vers un niveau de jeu supérieur à celui que nous avions lors de notre dernière année en D2 (nous ne sommes pas descendus pour raison sportive mais financière).
Je n’ai donc rien modifié à ma préparation hivernale (muscu, athlé, technique Baseball, …) et je me suis appuyé sur le championnat régional (que nous dominions) pour que les joueurs maîtrisent les fondamentaux technico – tactiques et développent leur capacité à jouer avec l’adversaire en exploitant ses faiblesses (plus flagrant en régional qu’en D2).
L’objectif étant que l’équipe monte en puissance et soit au top pour septembre et le début de la D3.
La D3 est arrivée avec, dans notre poule, Savigny qui avait plus le profil d’une équipe de D2 (notamment grâce à ses jeunes joueurs en formation et ses lanceurs vieillissants, sans doute, mais très expérimentés et efficaces).
Une seule équipe de la poule étant qualifié pour la suite de la compétition, le choix allait se porter entre Dunkerque et Savigny. Nous nous qualifions en remportant le match contre Savigny sur le score de 3 à 1. Nous aurions très bien pu nous faire sortir en match de poule, nous nous qualifions grâce à 2 points … Voilà, la grosse difficulté de la D3, c’est qu’il n’y a qu’une place par poule et de grosses équipes passeront forcément à la trappe.
Le plus gros défi était passé, il ne restait plus qu’à assurer notre niveau de jeu pour nous retrouver en finale.
Comment vous étiez-vous préparés en plein cœur de l’été ?
Comme je vous l’ai dit précédemment, je n’ai rien changé à ma préparation même si nous n’évoluions plus en D2, les entraînements ont donc repris le 10 août soit un mois avant le premier match de la compétition.
« Etre prêt et affûté dès le 1er match » – Ludovic Godard, manager de Dunkerque
Les joueurs n’avaient pas de programme précis à suivre (si ce n’est éviter le risque de blessure) mais ce sont des sportifs donc ils ont continué à avoir une activité physique régulière.
Sur combien de joueurs vous êtes-vous appuyé pour cette D3 ? Combien de lanceurs ?
14 joueurs et 4 lanceurs (je sais c’est juste, 2 de plus auraient permis de palier à d’éventuelles contre-performances ou méforme des lanceurs mais tout s’est bien passé et les lanceurs ont assuré).
Quels conseils pourriez-vous donner aux Phénix, qui pour beaucoup d’entre eux, vont découvrir ces phases finales ?
Les matchs les plus difficiles ne sont pas forcément ceux du dernier carré et donc il faut être prêt et affûté dès le premier match de poule. Il ne faut pas compter élever son niveau au fur et à mesure de la compétition mais être performant dès l’opening day, la qualification pour les demi-finales peut se jouer là.
Comment avez-vous financé cette D3 ? Le club dispose-t-il de nombreux sponsors ?
Par chance la mairie de Dunkerque nous a accompagnés sur ce Challenge qui était de remonter en une année. Nous n’avons donc pas subi de baisse de subvention. Nous disposons aussi de nombreux petits sponsors qui nous permettent d’équilibrer nos budgets notamment pour les équipes jeunes.
A titre personnel, vous revenez du championnat d’Europe des 12U où vous étiez assistant-coach. La France termine 5è (Italie et Pays-Bas, les deux finalistes dans la même poule que nos petits Bleus). Quel bilan tirez-vous de cet Euro ?
L’année dernière, le championnat d’Europe comprenait 14 équipes, cette année la CEB a divisé les équipes en groupe A et B. Nous n’étions que 8 équipes en poule A et on peut dire que 6 équipes pouvaient prétendre décrocher une médaille.
Un Euro, c’est court et là aussi quasi tous les matchs comptent (même si pour se qualifier en demi nous avions droit à une défaite).
Avec l’Italie et la Hollande dans la poule, les choses sont claires, il faut en sortir un des deux. L’Italie était un niveau de jeu au-dessus de nous alors que la Hollande à ce moment de la compétition aurait pu être prenable. Mais, comme la plupart des équipes, notre niveau de jeu a évolué au fur et à mesure que la compétition se déroulait et nous avons affronté la Hollande la première journée. L’équipe n’était pas encore à son top. Il y a eu un match clef contre la Belgique (après notre défaite contre la Hollande et l’Italie) que nous remportons 19 à 18 après avoir été mené 18 à 10 à deux tours de batte de la fin du match. Ce n’était certes pas le plus beau match technique ou tactique mais ce fût une vraie bataille psychologique et une nouvelle équipe est née après ce match. L’équipe était prête mais les matchs pour la médaille étaient passés.
Bon il fallait tout de même s’assurer de ne pas descendre en groupe B et cette nouvelle attitude nous a permis de survoler les deux derniers matchs.
« L’Euro 12 U ? Pas d’exploit ni de catastrophe »- Ludovic Godard
Bilan : dans cette configuration de championnat et avec ces poules, 5ème place est notre place, une médaille aurait été une top performance et 6ème ou pire une contre performance. Donc pas d’exploit mais pas de catastrophe non plus.
Le petit rien qui permet d’accéder au podium dépend, à mon avis, de l’expérience de l’équipe à disputer des matchs de haut niveau internationaux qui sont tellement loin de la pratique de nos jeunes en France. Celle-ci qui ne permet pas au joueur d’aller chercher en lui au quotidien ces ressources nécessaires pour être performant à ce niveau de jeu.