Alors que les Phénix s’apprêtent à disputer les phases finales pour accéder la D2, interview avec Lionel Teixidor. L’entraîneur de Béziers qui évolue en D2 depuis maintenant trois saisons.
Perpignan s’apprête à disputer les phases finales cet automne pour tenter d’accéder à la D2. Béziers est passé par là il y a quelques années. Quels conseils pourriez-vous donner aux Phénix ?
Mon conseil est vraiment de structurer tout ce qui est autour, car la D2 prend beaucoup de temps, d’énergie et d’argent et il faut faire attention à ne pas mettre en péril le reste du club.
En D2, le jeu est aussi complètement différent : il faut s’adapter au bois, les line-ups sont bien plus dangereux et les défenses constantes… On ne peut plus gagner des matchs en attendant les BB ou en comptant sur les erreurs de la défense adverse. Tu as face à toi des équipes qui jouent toujours pour gagner et jusqu’au dernier out. En D2, il est aussi difficile d’aller loin en comptant seulement sur deux lanceurs. Le calendrier est bien plus dense et il faut tenir jusqu’au 14 juillet. La première saison a été difficile mais nous avons progressé collectivement.
De votre côté, vous venez de terminer à la 1ère place de votre poule de D2. Vous êtes donc qualifiés pour les phases finales. D’abord, donnez-nous des nouvelles des deux catalans de l’équipe, comment jugez-vous les saisons régulières d’Axel Patarata et de Lucas Cintas ?
Je porte sur eux un regard positif. Axel est là depuis deux saisons, son intégration a été immédiate et ses performances sur la plaque ont attiré le respect de ses coéquipiers. Lucas est arrivé cette saison, Axel a facilité son intégration, lui aussi a trouvé sa place et le respect de ses coéquipiers en ayant une attitude exemplaire sur le terrain et en dehors. Ils ont compris « l’état d’esprit pirates » qui est particulier et qui nous est cher. Ils adhérent au projet et au discours… Ce sont de vrais Pirates !
Axel à un rôle important dans la rotation de lanceurs surtout cette année puisque nous avons perdu de la profondeur dans notre bull-pen. Il fait aussi des apparitions en défense sans y avoir une place attitrée et au bâton où il peut se montrer dangereux. Lucas est venu renforcer l’équipe en receveur (1 match sur 2) et son instinct et son jeu propre lui permettent de trouver une place dans l’infield chaque fois qu’il ne catche pas. Il me semble qu’il a grandi en quelques mois et j’espère qu’il continuera comme ça.
Où doivent-ils encore progresser ?
Axel doit progresser dans sa régularité offensive et sa capacité à mettre en jeu. Il est capable de grosses line-drive dans les trous et doit pouvoir multiplier ce genre de frappes pour gagner une place de titulaire dans le line-up.
Lucas doit améliorer sa relance sur base lorsqu’il catche. Quand il aura gagné du temps là-dessus, il deviendra incontestablement un très bon catcher car il est intelligent et a un bon bloc.
L’équipe 2019 de Béziers est-elle plus forte que celle de l’an passé ?
Sur le papier, nous sommes moins forts, puisque Andrew Boes est rentré aux États Unis et Julien Lardeux a pris des distances. La fiche de 17 victoires pour 7 défaites le confirme (22/2 l’an dernier).
Ceci étant, la santé morale de l’équipe est bien meilleure : l’arrivée de Lucas et le retour de certains anciens (Ivan, Nico, Pedro) contribuent à une bonne vie de groupe. Cette année le groupe est moins constant mais plus garni, je compose donc avec d’autres armes et une nouvelle façon de coacher. Les joueurs avaient été informés de ce changement de politique à l’intersaison et ont bien adhéré au projet, sachant rebondir après la déception de la défaite en finale 2018.
Votre objectif peut-il est être de monter en D1 ?
Non, l’écart de niveau est trop important. Pour éventuellement y arriver, il nous faudrait un terrain et des infrastructures dignes de ce nom, Une culture du haut niveau, une filière de formation complète et cohérente, tripler son budget, recruter un coach de très bon niveau, se doter de rigueur, créer un emploi, recruter des joueurs de très haut niveau…
On observe que des clubs déjà très structurés ont des difficultés à tenir en élite. On observe même des forfaits à ce niveau-là. Je porte un regard relativement négatif sur la distribution des niveaux nationaux, il y a clairement deux divisions dans la même D1. Quand bien même nous serions éligibles à la montée, celle-ci mettrait en péril notre club dans son format actuel. Mais si demain, tous les besoins cités plus haut venaient à être remplis, alors pourquoi pas rêver. Restons lucide, on en est loin.
L’objectif est de rester en D2 pour nos excellentes générations qui arrivent. Celui de cette année était d’accéder aux playoffs en finissant à la première place du groupe pour offrir à notre public un 1/4 de finale à domicile. Puis ensuite, on prendra les matchs les uns après les autres… On rêve évidemment d’aller au bout, mais la concurrence sera rude. Vous l’avez compris, nous souhaitons avant tout garder une bonne dynamique globale dans le club avec nos 95 licenciés, un CD très actif, 45 jeunes, 13 coachs bénévoles… Nous avons compris que l’avenir du club passe par les plus jeunes.