Le Perpignanais de 19 ans revient sur son parcours, son aventure aux Etats-Unis et sur sa récente sélection en équipe de France avant les éliminatoires de la prochaine coupe du monde. Interview.
C’est l’histoire d’un gamin passionné, attachant, solide (1m88 / 93 kg) mais surtout doté d’une détermination sans faille. Depuis ses débuts à l’âge de 5 ans à Perpignan jusqu’à sa première sélection en équipe de France en passant par son aventure américaine, le Catalan se confie.
Ismail, d’abord félicitations pour cette sélection en équipe de France. Tu as été retenu pour disputer les éliminatoires pour le prochain mondial (1er match le 13 mars aux USA conre l’Allemagne). Est-ce une surprise ?
C’était dans un coin de ma tête mais, pour être honnête, ce n’était pas mon objectif numéro un de la saison. Mon objectif était d’abord de m’imposer comme titulaire au sein de l’équipe de Cochise College (en Arizona, où il joue depuis le mois de septembre). Mais représenter son pays pour une compétition aussi importante, clairement c’est un rêve et un honneur ! J’en suis très fier ! Le manager, c’est tout de même pas n’importe qui ! Etre retenu par Bruce Bochy, ce n’est pas rien… Je pense que cela peut m’apporter beaucoup d’expérience. Désormais je compte bien représenter tous les gens qui m’ont accompagné tout au long de mon parcours : dans les clubs et notamment Perpignan mais aussi dans les pôles (Montpellier et Toulouse), tous mes différents coachs, mes anciens coéquipiers et ma famille qui m’a toujours soutenu.
Les Bleus ? Un rêve et un honneur !
Quel sera ton rôle en équipe de France ?
Je suis retenu en tant que lanceur. Mais je ne sais pas encore quel sera mon rôle dans la rotation. L’équipe est en préparation mais les joueurs universitaires comme moi ne vont rejoindre le groupe que juste avant la compétition.
Depuis 6 mois, tu joues donc aux Etats-Unis au sein du Cochise College (Douglas, Arizona). Comment s’est fait ton départ ? As-tu trouvé tes marques dans l’équipe ?
Depuis tout petit, je rêve des Etats-Unis, mais cette idée s’est concrétisée à mon arrivée au Pôle France de Toulouse. Chaque année, plusieurs joueurs du pôle intégraient une université américaine : c’était pour moi un rêve et c’est peu à peu devenu un objectif personnel. Malheureusement, à cause de plusieurs blessures, je n’ai pas pu être repéré. J’ai donc envoyé des mails à différentes universités en espérant aussi décrocher une bourse universitaire. Cochise College m’a proposé une bourse couvrant 85% des charges universitaires, j’ai donc accepté. Pour les coachs, j’avais un profil intéressant car je suis un lanceur gaucher mais je peux aussi jouer en première base. Plusieurs Français sont aussi déjà passés par Cochise et ils ont laissé une bonne impression, j’en ai bénéficié (Fermin Nême et Boris Marche ont été les premiers français à jouer pour Cochise au début des années 2000). Les coachs sont ici très ouverts sur les joueurs internationaux : sur les 23 joueurs de l’équipe, 12 sont étrangers (Porto-Ricains, Mexicains, Dominicains… ). Je suis aussi avec un autre français, Mohamed Baoui qui était avec moi au Pôle France.
Ici pas de bizutage… ça n’a manqué à personne !
Forcément, cela t’a aidé à t’intégrer…
Complètement surtout que l’équipe est composée de beaucoup de nouveaux joueurs. Ici on ne peut rester que deux ans et nous sommes quasiment tous première année. Il y a vraiment une très bonne ambiance de groupe. Et puis, ici pas de bizutage… Ça n’a manqué à personne !
Et les conditions d’entrainement ?
Les infrastructures sont vraiment tops. Le terrain est très bien avec un très beau monticule et un très bel infield. On bénéficie aussi de deux cages de frappe, d’une salle de musculation, d’un gymnase, d’une salle de kiné, de vestiaires et bien entendu des logements. De ce point de vue, on est plutôt bien servi : notre équipe dispose de trois maisons au sein de l’université. Nous sommes 8 joueurs par maison : 4 au rez de chaussée et 4 au premier étage. Pour les repas, on a un self à disposition où on peut manger à volonté pratiquement toute la journée. Bref, de bonnes conditions de vie !
Des sprints à 5h30 du matin !
En terme d’entraînement, le rythme est plus élevé qu’en France. Ici, l’année est séparée en deux parties. L’automne (Fall, d’Août à Décembre) et le printemps (Spring, de Janvier à Mai) avec la période de championnat. Les entrainement, ici, consistent à s’échauffer, bunt, course sur base, lancer, défense individuelle et collective, et finir par un BP pour les frappeurs pendant que les lanceurs enchaînent bullpen et cardio. Pour ce qui est de la muscu, on va a la salle tout les jours après l’entrainement. La chose qui change réellement entre ces deux périodes, c’est le “Morning Run”. Pendant le Fall, nous devions nous lever tous les jours à 5h du matin pour aller courir en équipe de 5h30 à 6h-6h30 avec des sprints, suicides, du fractionné, des courses de relais… Durant le Spring, c’est forcément différent puisque nous jouons quatre matchs par semaine. Il faut aussi bien sûr gérer les cours.
Quelle est ta place dans l’équipe ?
Actuellement, je joue frappeur désigné (DH), 1ère base et lanceur. Tout ce passe très bien, j’ai beaucoup de temps de jeu. Les coachs sont très contents de ce que j’ai fait pour l’instant. Dans le line-up, j’ai vite gagné ma place de frappeur 3-4. Même si le champ droit est plus loin que celui de Perpignan, j’ai quand même frappé un solo home run pendant le Fall ! Sur le monticule, je suis le starter numéro deux de l’équipe. J’ai d’ailleurs touché les 89 mph (143 km/h). Je sens que je progresse. Que ce soit sur le plan physique et mental, je me sens plus fort et résistant. Notre saison vient juste de commencer : sur 14 matchs on en a gagné 10, ce qui nous place pour l’instant premier ex-aequo de notre conférence.
Et penses-tu passer professionnel cette saison ?
La draft (période de recrutement), c’est dans quelques mois. En tous, je suis au bon endroit pour y arriver. 13 joueurs de Cochise ont été draftés ces denrières années. 75 ont pu accéder à une université pour un cycle de quatre ans.
L’aventure américaine, la sélection avec les Bleus, la draft qui se profile… que de chemin parcouru depuis les débuts à Perpignan !
Oui et j’ai commencé à l’âge de 5 ans aux Phénix. J’ai découvert le baseball grâce à mon père. A l’époque, il était manager du club et, étant trop jeune pour jouer au rugby, il m’a initié à ce sport que je n’ai jamais quitté par la suite. J’ai ensuite intégré les pôles de Montpellier et Toulouse. Si j’avais un conseil à donner aux jeunes du club ? Ce serait de croire en eux et de travailler dur pour atteindre ses objectifs. Même si c’est difficile, il ne faut jamais rien lâcher.
J’adorerai venir partager mon expérience avec les Phénix
Si possible, j’adorerai venir parler et partager mon expérience a mon retour en France en fin d’année avec les jeunes mais aussi les membres du club. Je tiens aussi à remercier les Phénix et tous les entraîneurs comme Olivier Cintas, Cyril Dorange, Julien Cauchy et bien d’autres. Je souhaite une bonne saison à Perpignan et beaucoup de réussite au club avec votre nouveau coach Bilal Bille, qui saura apporter beaucoup de choses au club, comme il a su le faire avec moi.